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The text size have not been saved, because your browser do not accept cookies.1893 -1908 : Les années de création solitaire
« […] J’ai beaucoup d’idées nouvelles qui te plairaient énormément […]. J’ai un grand plaisir à travailler […]. Tu vois que ce n’est plus du tout du Rodin […]. » Ces quelques phrases extraites de la lettre que Camille Claudel adresse à son frère en décembre 1893 révèlent l’état d’esprit qui la gouverne désormais.
Séparation avec Rodin
Dans les années 1890, exaspérée par les critiques qui rapprochent sans cesse son travail de celui de Rodin, Claudel recherche une esthétique résolument personnelle et moderne. Les Croquis d’après nature sont l’aboutissement de ces réflexions : Les Causeuses, La Vague, Rêve au coin du feu... Malgré leur abondance attestée par les sources de l’époque, très peu de ces sculptures de dimensions réduites nous sont parvenues. Certaines ont probablement été détruites par l’artiste dans des moments de détresse. Représentant des scènes observées dans le quotidien, elles sont notamment influencées par l’art japonais, découvert par l’artiste à l’Exposition universelle de 1889 et dans les collections des amateurs parisiens.
En 1893, la sculptrice expose au Salon de la Société nationale des beaux-arts deux œuvres majeures : La Valse (n°37) et Clotho (n°38). La même année 1893, Paul Claudel entame une carrière diplomatique en tant que vice-consul à New York. L’éloignement de Paul coïncide avec l’amorce de la séparation avec Rodin et dans les années qui suivent, elle s’efforce de mobiliser d’autres soutiens pour promouvoir son travail.
L’indépendance
En 1895, Camille Claudel reçoit deux commandes pour des œuvres majeures : en janvier, Clotho en marbre à la suite du banquet donné en l’honneur de Puvis de Chavannes, puis, en juillet, sa première commande par l’État : L’Âge mûr. Les rapports de l’inspecteur Dayot et les maquettes conservées au musée Rodin permettent de suivre les étapes de l’élaboration de cette sculpture. En définitive, l’État n’honore pas sa commande pour des raisons obscures. Quant à Clotho, le marbre disparaît étrangement du musée du Luxembourg.
En 1896, Camille Claudel fait deux rencontres importantes : Mathias Morhardt, rédacteur au journal Le Temps, et la comtesse de Maigret, qui sera sa principale mécène jusqu’en 1905. Elle lui commande notamment Persée et la Gorgone, qui restera son unique marbre monumental.
En mars 1898, Morhardt publie dans Le Mercure de France la première biographie de l’artiste. Celle-ci charge le journaliste de convaincre Rodin de ne plus lui rendre visite pour apporter la preuve qu’il n’intervient pas dans la création de ses œuvres et elle rompt définitivement avec lui en changeant d’atelier pour s’installer 63, rue de Turenne et, peu après, quai de Bourbon.
« Camille Claudel, statuaire »
En août 1905, Camille et Paul Claudel séjournent ensemble dans les Pyrénées. Paul publie l’article « Camille Claudel, statuaire » dans le journal L’Occident et Camille élabore son Buste de Paul à trente-sept ans, dernière œuvre vraiment originale de l’artiste.
La sculptrice expose à la fois au Salon des artistes français (Vertumne et Pomone, marbre ; La Sirène, bronze) et au Salon d’automne (L’Abandon, bronze). Puis, en décembre, Eugène Blot lui consacre une exposition dans sa galerie. Il contribue à la diffusion de son travail en éditant en bronze des œuvres telles que L’Implorante, La Fortune, La Sirène, L’Abandon, La Valse, Les Causeuses... Ces bronzes sont présentés dans le fonds permanent de la galerie et seront régulièrement exposés dans des manifestations de groupe. Au cours de la soirée suivant l'inauguration en décembre 1905, Claudel s'emporte et son comportement fait scandale. La violence de son attitude, ses démonstrations choquantes l’éloignent de ceux qui étaient restés ses amis.
En 1906, l’artiste obtient une dernière commande de la direction des Beaux-Arts, Niobide blessée (bronze déposé au musée des Beaux-Arts de Poitiers), pour laquelle elle réutilise la figure féminine de Sakountala. L’année suivante, par l’intermédiaire d’Eugène Blot, l’État achète un tirage en bronze de L’Abandon (déposé au musée de Cambrai).